Оригинальный сценарий взят с сайта: jodel saint-marc club fr



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LA GROSSE PAYSANNE (à bout de souffle) ... La guerre est finie depuis hier!

95 EXT. JOUR UN PEU PLUS LOIN SUR LA ROUTE

La grosse paysanne continue de courir ... Trois femmes de Chanteloup sont en train de piocher des monticules de tourbes gelées. Elles s'interrompent au passage de la grosse paysanne qui continue de crier' (Mais nous n'entendons plus qu'un son infernal de cloches) ... Les paysannes lâchent leurs outils et courent vers la route ...

96 EXT. JOUR 1 PLACE DE CHANTELOUP

... devant l'auberge, la grosse paysanne en larmes, est entourée d'une dizaine de femmes qui exultent , s'embrassent et pleurent. D'autres femmes et enfants surgissent de partout pour se mêler à la liesse. (Nous n'entendons toujours que le son très présent des cloches.)

97 INT, JOUR CLOCHER DE L'ÉGLISE DE CHANTELOUP

La cloche bat à toute volée ...

98 INT. JOUR / ÉGLISE

La longue femme maigre vue au comptoir de l'auberge se tord dans tous les sens en tirant hystériquement sur la corde de la cloche. ((Sa petite tête aux cheveux gras est tournée vers le ciel. Ses yeux délavés sont exorbités.)) Son corps monte et descend, emporté par la corde de la cloche. Elle rit comme une folle en hurlant des choses que nous n'entendons pas ...

99 EXT. SOIR ORPHELINAT ESCALIER + COULOIR

Le couloir est plongé dans la pénombre de la tombée du soir. On entend résonner les notes de la petite comptine jouée au piano ... La bonne finit de grimper l'escalier, une lampe à pétrole à la main. Elle avance dans le couloir et vient discrètement coller l'oreille contre une porte. Puis elle frappe:

LA BONNE (Tout bas) Monsieur! ... Monsieur, vous m'entendez?

99a INSER.

La main de Giorgio repose rapidement une seringue dans une boite de fer. La bonne frappe à nouveau. Une clef tourne dans la serrure. La porte s'ouvre lentement ... La bonne porte la main à sa bouche et recule d'un pas.

LA BONNE Oh, monsieur! Je ne vous aurais pas reconnu!

Giorgio se tient devant elle, vêtu de son uniforme militaire. Il est bien rasé et bien coiffé, mais son visage est creusé par la fatigue.

LA BONNE On s'est inquiété, monsieur. on avait peur que vous soyez souffrant. Oh, ce que vous êtes beau, monsieur!

Giorgio regarde Marie, sans rien dire, un sourire triste au coin des lèvres ... Toute rouge, la bonne baisse timidement les yeux.

99b Giorgio sort de sa chambre et longe le couloir en direction de l'escalier. marie l'accompagne en lui parlant avec excitation ...

LA BONNE Les femmes sont venues, monsieur. Elles sont venues faire la paix on a eu une grande nouvelle, monsieur: tous les hommes vont rentrer ! ... Mademoiselle Catherine n'a plus rien à craindre, elles l'ont même embrassée ! ... Elles font une fête, ce soir à l'auberge ... Elles nous ont invitées, vous viendrez, hein ?! ... Vous viendrez avec nous ?!

Giorgio s'est arrêté, en haut de l'escalier. La bonne est tournée vers lui, attendant sa réponse ... mais Giorgio regarde fixement quelque chose en bas des marches: Dans le hall d'entrée, immobile au pied de l'escalier, Catherine attend, toute de noir vêtue ... Avec prestance, Giorgio commence à descendre lentement les marches sans quitter Catherine du regard. La bonne l'accompagne, presque collée à lui...

LA BONNE (rougissante, tout bas) Monsieur ... Monsieur, voilà ... Pour l'Armistice enfin... mademoiselle Catherine enfin... voilà ... Elle aimerait que vous l'embrassiez, monsieur. Enfin, pour l'Armistice!

Giorgio finit de descendre les dernières marches et s'arrête devant Catherine. Ils se regardent intensément ... La bonne, est restée en retrait. Impatiente et timide, elle se tord les doigts. Catherine renverse la tête en arrière et ferme doucement les yeux. La bouche offerte, elle attend ... Giorgio enserre délicatement sa nuque et s'approche de ses lèvres entr'ouvertes et frémissantes... A cet instant, du bout des lèvres, Catherine dépose un rapide baiser sur la bouche de Giorgio. Puis elle se détache de lui, et fait quelques pas en arrière. (Le son du piano s'arrête)

CATHERINE j'ai...j'ai promis à Marie que ... que si elle osait vous demander de m'embrasser ... vous l'embrasseriez aussi.

Giorgio la regarde, désemparé. Il se retourne vers marie: La bonne, tête baissée, les poings serrés le long du corps redresse timidement les yeux vers Giorgio. Giorgio regarde à nouveau Catherine ...

CATHERINE (excitée comme une petite fille.) Allez ! Allez ... 

Giorgio se tourne à nouveau vers marie qui s'avance jusqu'à lui en fermant les yeux. La Bonne applique ses lèvres contre celles de Giorgio. Elle l'embrasse avec sensualité. N'osant le toucher, elle vibre de tout son corps. Elle ouvre et replie nerveusement ses poings. Catherine contemple ce baiser en ricanant comme une petite fille.

DOCTEUR DEGRACE (off) Et moi, alors ?

Giorgio décolle ses lèvres de celles de la Bonne qui reste toute rouge et toute tremblante. Catherine se précipite dans le salon...

CATHERINE Oh oui, à Papa A Papa !

100 - INT, SOIR / ORPHELINAT, SALON

Assis devant le piano, les mains immobiles sur le clavier, le Docteur Degrâce a le visage tourné vers le hall d'entrée. Sa tête est rejetée en arrière, ses yeux fermés, sa bouche offerte dans une moue hautaine. Il attend ... Catherine vient poser la main sur l'épaule de son père et, toute excitée, se tourne vers Giorgio. Giorgio pénètre à son tour dans le salon, suivi de la bonne.

CATHERINE (secouant l'épaule de son père) Allez! ... Embrassez Papa ! Allez

Le vieil homme attend toujours sans broncher, les yeux fermés, la bouche offerte. Son cou tendu laisse apparaître la trace violette ...

GIORGIO Catherine... il faut que je vous parle...

Catherine se détache de son père et fait quelques pas en arrière... Giorgio, sans la quitter des yeux, s'approche lentement du Docteur ...

LA BONNE (douce) Allez, Monsieur ... Faites-le ... pour l'Armistice

Giorgio regarde le Docteur Degrâce, abandonne un petit sourire, se penche vers lui, et dépose un baiser sur ses lèvres. Puis il se redresse vers Catherine:

GIORGIO (très intimidé) ... Je ... je discutais avec monsieur le curé et ... vous savez, le climat ici... n'est pas très bon pour ma santé ... Enfin, je pense que vais devoir partir ... alors ... Est-ce que vous voulez vous marier avec moi ?

CATHERINE ... Pour de vrai ... ?

GIORGIO Oui.... bien sûr

CATHERINE Et puis, on emmènera Marie Elle sait faire des enfants, marie

LA BONNE (gênée) Il ne faut pas dire des choses comme ça, mademoiselle

GIORGIO Si vous voulez, nous pourrons partir demain matin ...

Catherine sourit et se détourne pour avancer vers le fond du salon ...

CATHERINE (rêveuse) Et puis on pourra emmener papa, aussi! ... Comme ça il soignera nos enfants et ils ne mourront jamais!

DOCTEUR DEGRACE (catégorique) Jamais

Désemparé, Giorgio se tourne vers la bonne: Marie le fixe d'un regard désapprobateur... Giorgio baisse les yeux et regarde à nouveau Catherine, qui se tient dos à lui ...

GIORGIO
Alors ... c'est oui ... ?

AUBERGE DE CHANTELOUP

Les femmes du village sont réunies dans l'auberge où règne une atmosphère de fête, bruyante et enfumée.,

LES FEMMES CRIANT EN CHŒUR  Ouiiiiiiiiii

Marthe est debout sur une table, une grosse bouteille de vin coincée entre ses jambes, comme un sexe d'homme. Manifestement soûle, elle ondule du bassin, faisant à chaque à-coup, s'échapper une giclée de vin. Debout à ses pieds, deux femmes, une bouteille à la bouche, jouent à celle qui boira le plus vite. Marthe se trémousse au rythme des femmes qui chantent et frappent sur les tables avec des couteaux pour encourager les buveuses ...

LES PAYSANNES Et glou, et glou, elle a tout bu, Elle sera la première à tomber sur le cul (Ad. Lib.) (On note une version différente dans le film)

L'aubergiste s'approche de Marthe en souriant:

L'AUBERGISTE Arrête tes cochonneries, Marthe, y, a un homme!

Tous les visages se tournent vers la porte. petit à petit, les femmes s'arrêtent de chanter et de frapper sur les tables: Giorgio vient d'entrer, vêtu de sa tenue militaire, son manteau posé sur les épaules. Catherine est à son bras, l'air fier, vêtue de noir. Derrière eux, la bonne, vêtue de noir elle aussi, referme la porte. (Dans le film Catherine a la robe rouge de sa mère, qu'elle porte jusqu'à la fin du film.) Debout sur la table, Marthe, titubante, contemple le couple en laissant pendre au bout de son bras sa bouteille de vin. Dans le silence, un sifflement strident s'e fait entendre ... Sur le bord du comptoir, la petite fille de l'auberge s'amuse à faire chanter un verre en y promenant son doigt. L'aubergiste la gifle.

L'AUBERGISTE Ca suffit!

la fillette se recroqueville en gémissant faiblement.

UNE FEMME AU COMPTOIR (à l'aubergiste) Ben pourquoi tu la tapes, Armelle?

L'AUBERGISTE


on dit qu'à chaque fois qu'un verre chante, un soldat meurt.

L'aubergiste revient vers Giorgio et Catherine.

UNE AUTRE FEMME (à l'aubergiste) Qu'est-ce que ça peut faire, maintenant ... la guerre est finie.

L'AUBERGISTE


oui mais quand même! (à Giorgio) C'est gentil d'être venu ...

Marthe descend de la table et, le regard fixé sur Catherine, avance en titubant jusqu'à elle, sa bouteille à la main.

MARTHE (soûle) Ce soir, c'est le soir du Pardon ... L'Abbé Glaise a dit que j'avais été méchante, alors je m'excuse..

Marthe se laisse glisser jusqu'aux pieds de Catherine et les embrasse. Catherine se laisse faire sans' ien dire.

MARTHE (se relevant) Et puis je vais vous servir à boire! Donne leur des verres, Armelle!

Au fond de la salle, assise à une table, la mère Pétaud tire sur sa pipe, les yeux posés sur le couple. L'aubergiste apporte deux grands verres à Catherine et Giorgio. Marthe les remplit maladroitement, en les faisant déborder. Giorgio et Catherine se regardent.

MARTHE Allez, buvez!

Les femmes recommencent à taper sur les tables avec le manche de leurs couteaux, en scandant:

LES PASANNES (de plus en plus vite) Et glou, et glou, et glou... (Ad. Lib.)

Giorgio et Catherine se jettent un regard amusé puis portent leur verre à leur bouche.

LES PAYSANNES (suite) ... ils ont tout bu, Ils seront les premiers à tomber sur le cul! Et glou, et glou ... (Ad. Lib.)

(Tout en buvant, Giorgio et Catherine se regardent en coin, chacun essayant de boire plus vite que l'autre. Dans leur précipitation, le vin leur coule par la commissure des lèvres. Dans un coin de la salle, la longue femme maigre est assise par terre. Hilare, elle balance son petit crâne dans tous les sens en caressant les cheveux de la pertite Poulette qui est venue se réfugier dans ses bras. Catherine termine son verre la première et se met tousser en riant et en s'essuyant les lèvres d'un revers de main ))

LEs PAYSANNES (hurlant) Ouiiiii!

Elles applaudissent. Giorgio termine son verre, essoufflé. Il sourit.

MARTHE Allez, à la Marie, maintenant!

LES PAYSANNES + CATHERINE Ouiiiii!

Tout le monde se retourne vers la bonne à qui Marthe tend la bouteille.

CATHERINE Allez, Marie, à toi!

La bonne se met à boire au goulot sous les "Et glou, et glou" qui reprennent. Giorgio, légèrement enivré par le vin, vient s'appuyer sur le comptoir au milieu d'une rangée de femmes. L'une de ses voisines lui tapote gentiment l'épaule:

LA FEMME (d'un air complice) Alors ça y est, docteur, vous nous l'emmenez à Ste Lucie?

Giorgio la regarde en perdant son sourire.

LA FEMME ... vous inquiétez pas, ici, personne lui dira rien... on fera comme si qu'elle était comme les autres.

Giorgio acquiesce, gêné. La femme lui tapote le bras et. lui fait un clin d'œil complice avant de s'éloigner. L'aubergiste sert un verre de vin à Giorgio.

GIORGIO (à 1'aubergiste) monsieur le curé n'est pas 1à?

L,AUBERGISTE (radieuse) Non, il est resté prie r dans son église, à remercier le Seigneur ... Le brave homme, il pleurait de joie! C'est lui qui a ramené la nouvelle comme quoi les gars rentraient ... C'est le maire de Ste Lucie qui y' a dit, en personne!...,ça va nous faire drôle de les revoir après tout ce temps. (elle désigne la photo de son fils posée derrière elle:) Mon Marcel, ça doit être un vrai homme, maintenant!

A côté de Giorgio, une femme "Madame Ferrauge" se met à pleurer.

MADAME FERRAUGE
mon Julien... Quand je pense que les rats y ont mangé les oreilles!

UNE FEMME Tu vas pas recommencer! Y' a un an que je te dis qu'on vit très bien sans oreille, hein Docteur?

GIORGIO (à Madame Ferrauge) ... C'est vrai ... Vous savez, dans les oreilles, c'est l'intérieur qui compte!

madame Ferrauge pleure de plus bel:

MADAME FERRAUGE ... oui, mais comment qu'y fera pour mettre ses lunettes?

UNE AUTRE FEMME Ben t'auras qu'à y attacher derrière la tête avec une ficelle, hein Docteur?

GIORGIO (distrait) oui, bien sûr ...

Giorgio s'est retourné vers la salle pour regarder Catherine: La jeune fille est entourée de Marthe et de la Bonne. Elles sont en train de rire. Catherine agrippe tendrement le bras de Marie:

CATHERINE je suis si heureuse, Marie!

Giorgio vide son verre d'un trait. L'aubergiste lui en ressert un autre. A cet instant la grosse paysanne (celle qui courait en annonçant la fin de la guerre) entre dans l'auberge et se dirige vers le comptoir, essoufflée ...

LA GROSSE PAYSANNE (à l'aubergiste) monsieur le Curé va pas bien. ..J'y apportai son bois, il a même pas voulu que je rentre dans son église. Il veut voir personne! On dirait que c'est la tête ... J'espère qui va pas nous tomber fou! (très inquiète, vers Giorgio:) Faudrait peut-être y aller voir, Docteur ... il a jamais été comme ça.

GIORGIO J'y vais ...

Giorgio tourne les talons.

L'AUBERGISTE (souriante, à la grosse paysanne) C'est pas pour faire ma vipère mais, à mon avis, c'est pas bien grave ... il a dû trop tirer sur le bouchon!

Giorgio se dirige vers la porte. Il regarde Catherine qui rit et se balance, bras dessus, bras dessous, entre deux femmes tandis que la bonne remplit des verres en s'esclaffant. Au moment d'ouvrir la porte, Giorgio remarque la petite Poulette qui le regarde tristement. Il sort de sa poche la langue de Belle-mère et la lui donne ...

GIORGIO (souriant) Tiens

Giorgio sort.

102 EXT. NUIT ÉGLISE

Il n'y a pas un souffle de vent, pas un bruit. Des flocons de neige tombent doucement dans le silence feutré. Giorgio se dirige rapidement vers l'entrée de la petite église dont la porte est ouverte. Il ne marche pas très droit. Soudain, quelque chose qui ressemble à un grognement le fait se retourner ... Giorgio scrute un instant la route derrière lui: Elle est déserte.

103 INT, NUIT / ÉGLISE

Giorgio pénètre dans l'église. Seuls les cierges des hommes éclairent la petite chapelle de leur faible lumière vacillante. Giorgio s'engage dans l'allée centrale. Son pied vient frapper une bouteille vide qui roule sur le sol. Il sourit. Posée sur une chaise, quelque chose dépasse dans l'allée. Giorgio s'arrête devant: c'est la jambe de bois du prêtre, dessanglée. Giorgio la contemple puis, au lieu de la contourner, la saute à pieds joints. Il sourit à nouveau comme un enfant et poursuit son chemin vers le chœur.

GIORGIO (appelant) Mon père!?

Soudain, mêlé à un souffle rauque, le bruit de quelque chose qui frappe régulièrement le sol se met à résonner. à travers la chapelle. Giorgio cherche, dans la semi-obscurité, la provenance de ce son ... Émergeant brusquement de derrière un pilier, le prêtre apparaît, courbé, la tête en avant, sautillant sur sa jambe dans de larges mouvements de bras. Dans la pâle lumière orangée des cierges, il ressemble à un étrange insecte. Bondissant vers le chœur, il se retourne vers Giorgio avec un visage de fou:

LE PRETRE (essoufflé) J'ai réfléchi pour le mariage! ... Un an de deuil, c'est trop long ... (s'accrochant: à l'autel) étant données les circonstances, six mois suffiront!

Le prêtre lâche l'autel et se remet à sautiller jusqu'à Giorgio sur son unique jambe. Perdant l'équilibre, il se raccroche à lui.

LE PRETRE ... Alors maintenant, vous allez prendre la petite et vous allez partir avec elle, tout de suite! ce soir!

GIORGIO (ahuri) mais ... mon père, pourquoi ... ?

LE PRETRE (secouant Giorgio) Pourquoi? ... Ben je vais vous le dire, pourquoi: parce qu'elle a soufflé les cierges!

GIORGIO (souriant) oui, je sais mais...

Le prêtre lâche Giorgio et repart en sautillant vers le chœur.

LE PRETRE ... Et les hommes, maintenant, ils reviennent ...

Giorgio rejoint le prêtre vers le chœur.

GIORGIO oui, je sais ...

LE PRETRE (se retournant brutalement) Ils sont tous morts. Vous m'entendez?  Tous! (s'appuyant de nouveau à l'autel) ... Je l'ai su aujourd'hui ... par le maire ... Aux femmes, je leur ai menti, pouvais pas leur dire! ... Elles nous auraient tué la petite! ... Alors faut partir ... où est-ce qu'elle est?

GIORGIO (inquiet) A l'auberge... avec les femmes!

LE PRETRE Allez la chercher, malheureux ! Et partez aussi loin que vous pourrez!

GIORGIO Et vous, mon père, qu'est-ce que vous allez faire?

LE PRETRE Rester! ... Avec lui! (il désigne le Christ sans tête)...Et avec les femmes! ... Qu'il plaise à Dieu de nous écraser! ... Foutez-moi le camp!

104a EXT. NUIT AUBERGE

Giorgio s'approche d'une des fenêtres et regarde à l'intérieur.

104b Dans l'auberge, à travers le carreau embué, des femmes dansent entre elles pendant que d'autres chantent et tapent dans leurs mains Au fond de la salle; Catherine, qui semble complètement ivre, rit en compagnie d'un groupe de femmes ...

105 INT. NUIT AUBERGE

Collé à la fenêtre, à l'extérieur, le visage tendu de Giorgio qui observe. Il quitte le carreau ... puis il pousse la porte et entre. Une femme surgit derrière lui et lui bande les yeux.

LA FEMME (criant) C'est le docteur qui fait l'aveugle!

LES PAYSANNES (en chœur) Ouiiiii!

Surpris, Giorgio esquisse un mouvement pour enlever son bandeau. Mais les femmes crient leur joie et applaudissent. Il se sent obligé de sourire et rabaisse les mains le long de son corps. Dans un coin, Poulette n'arrête pas de souffler dans la langue de belle-mère. Marthe, traîne Catherine jusque devant Giorgio. Toutes deux semblent bien éméchées. Catherine rit. Marthe se saisit d'une des mains de Giorgio et la pose sur le visage de Catherine.

UNE FEMME Vous y touchez bien la figure, Docteur, parce qu'après, il va falloir la reconnaître!

Giorgio applique son autre main sur le visage de Catherine et promène ses doigts le long de ses joues et ,de ses lèvres.

GIORGIO (tout bas, se rapprochant de Catherine) Il faut que je vous parle, Catherine ...

Catherine éclate de rire. Marthe l'éloigne des mains de Giorgio.

UNE FEMME Allez, donnez-y un petit verre!

Une femme colle un verre de vin dans la main de Giorgio et le fait boire ... Au milieu de la salle, trois bancs ont été alignés, sur lesquels une dizaine de femmes excitées s'assoient côte à côte. Elles s'appliquent toutes à mettre leur tête à la même hauteur. La bonne, ivre, s'asseoit en dernier, tout au bout de la rangée, terminant cul sec un verre de vin. une femme prend Giorgio par les épaules et le guide jusqu'àux femmes assises.

LA FEMME Allez, maintenant faut que tu la retrouves!

GIORGIO Et après?

LA FEMME-GUIDE Ah, après, c'est une surprise!

Toutes les femmes rient. Elles se mettent à frapper sur les tables avec leurs couteaux ou dans leurs mains en entonnant:

LES PAYSANNES Do, ré, mi, fa, sol, Toutes les femmes sont folles ... (etc... / Ad. Lib.)

La femme qui conduit Giorgio lui colle les mains sur le premier visage de la rangée.

LA FEMME-GUIDE C'est parti !

A l'autre bout de la rangée, Catherine est sur le point de s'asseoir sur le banc, à côté de la Bonne. Mais Marthe l'en empêche et l'entraîne en lui enroulant son bras autour du cou.

CATHERINE (désignant le banc) ... Mais il faut crue je m'assoie ...

MARTHE Mais non, mon lapin, viens avec moi, viens ...

Marthe traîne Catherine vers une table du fond, et l'asseoit entre la mère Pétaud et elle.

MARTHE (àCatherine) Tu la reconnais, Héloïse?... Alors tu vas y demander pardon...

Marthe embrasse "tendrement" Catherine en resserrant le bras autour de son cou. La mère Pétaud contemple Catherine sans broncher en tirant sur sa pipe. D'un doigt elle tapote la table, au rythme de la comptine que chantent les femmes. Toujours guidé par la femme, Giorgio avance le long de la rangée, parcourant chaque visage de ses mains, à la recherche de celui de Catherine. Au passage, les femmes qu'il touche s'amusent à lui lécher les doigts, à les lui mordiller, à les lui embrasser, provoquant le rire de toutes les autres. Un verre et une bouteille à la main, une femme fait boire Giorgio entre chaque visage... A la table du fond, Marthe caresse les cheveux de Catherine: 

MARTHE moi je t'ai demandé pardon, mon petit cœur... Alors demande pardon à Héloïse ...

Catherine balance la tête en souriant. Ses yeux sont brillants, perdus dans le vide.

CATHERINE (d'une voix chantonnant) Nooonnn ...

A cet instant, Marthe, enlaçant toujours Catherine par le cou, lui pince le nez et, de son autre main, lui enfourne dans la bouche le goulot d'une bouteille de vin. Catherine essaie faiblement de se dégager mais elle étouffe et commence à ingurgiter de force le liquide. Du vin dégouline le long de son menton. Tirant sur sa pipe, la mère Pétaud regarde Catherine avec un visage de glace... Giorgio continue à passer de visage en visage. Les paysannes, complètement soûles, chantent, hurlent et rient plus fort... L'une des femmes dont le visage est touché par Giorgio imite le cri du loup en riant ... Certaines paysannes ivres plantent en rythme leur couteau dans les tables ... La petite Poulette souffle et resouffle dans sa langue de belle-mère. La bouteille finit de se vider dans la bouche de Catherine. Marthe la retire. Catherine, les yeux écarquillés, essaye de reprendre sa respiration en toussant. De sa main, Marthe lui essuie le menton:

MARTHE ('affectueusement) Pauvre petite, elle s'en était mis partout ... Alors maintenant, on va dire pardon à Héloïse.

Catherine agrippe la table, tâchant de se redresser dans un faible gémissement.

MARTHE oh, mais c'est qu'elle avait encore soif !

Marthe attrape une autre bouteille et, rebouchant le nez de Catherine, l'attire en arrière pour lui enfourner à nouveau le goulot dans la bouche ... Les mains de Giorgio continuent de passer d'un visage à l'autre ... Catherine, presque inconsciente, haletante, en larmes. Marthe repose la bouteille sur la table. La mère Pétaud a toujours le même regard impassible. Marthe rentre sa main dans le décolleté de Catherine et lui caresse un sein:

MARTHE Elle a la petite mamelle toute mouillée ... Pourquoi tue tu bois comme ça, tu vas être malade ... Qu'est-ce qu'on dit à Héloïse?

Catherine pleure.

MARTHE (à la mère Pétaud). Je vais aller la débarbouiller à la fontaine ...

Giorgio arrive au dernier visage de la rangée des femmes: celui de la Bonne. Une grosse paysanne pousse alors Marie et se met quatre pattes sur le banc, tournant le dos à Giorgio. Elle retrousse sa robe sur d'énormes fesses nues. Hystériques, les femmes se mettent à glousser. Giorgio arrive devant le fessier et y pose ses mains tâtonnantes. marie, éclate de rire et rapproche son visage du fessier:

MARIE (chuchotant) C'est moi, Monsieur!

GIORGIO (tout bas, aux fesses) Il est arrivé un grand malheur, Marie, il faut partir, vite.

LA FEMME AUX FESSES NUES (à la cantonade) Ca y est ! Y m'a reconnue!

Toute l'auberge hurle de rire. A sa table, la mère Pétaud sourit, découvrant une mâchoire sans dent. Reconnaissant tout à coup ce qu'il est en train de palper, Giorgio retire ses mains des fesses et arrache son bandeau. Toutes les femmes l'applaudissent. Giorgio fait un effort désespéré pour sourire, puis son visage marque l'inquiétude. Il regarde toutes les femmes de la rangée, cherchant désespérément Catherine. Il s'approche de Marie.



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