Оригинальный сценарий взят с сайта: jodel saint-marc club fr



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Дата11.07.2016
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Giorgio termine péniblement d'enfiler son manteau par dessus son uniforme militaire. Tremblant de nervosité, il noue autour de son cou son écharpe noire. Puis il s'empare de son revolver ...

120 EXT. JOUR, PLACE DE CHANTELOUP

... Les dernières femmes quittent la place, pour rejoindre le groupe de celles qui courent sur la route ... L'une d'elles s'arrête un instant devant le curé agenouillé. Elle lui décoche un coup de pied en plein visage. Projeté en arrière, le Curé s'effondre dans la neige.

LA FEMME(au Prêtre) Tu peux t'le garder ton Dieu

Elle court rejoindre les autres. Le Maire, affolé, s'agenouille auprès du Prêtre. Il lui redresse la tête ... Giorgio sort précipitamment de l'auberge, revolver à la main ... L'Aubergiste est restée sur la place, enlacée contre son fils Marcel. La petite Poulette est serrée contre eux. Sans quitter l'étreinte de sa mère, Marcel, apercevant l'uniforme de Giorgio, claque des talons et le salue, raide comme un automate.

LE PRETRE (Serrlant la main vers Giorgio en criant)


Attendez !? Attendez

Giorgio s'arrête un instant, essoufflé, et regarde le Prêtre:

LE PRÊTRE ... N'y allez pas! ... C'est pas la peine ... Elle est à Ste Lucie ...

Giorgio avance lentement jusqu'au Prêtre...

LE PRETRE (suite) à l'asile ... C'est Marie qui l'a emmenée ...

((La bouche du prêtre se met à trembler. Il baisse les yeux et fond en larmes en se cachant le visage dans la main. Giorgio fait demi-tour et se met à courir. Étendue dans la neige, la longue femme maigre continue de se tortiller en râlant ... ))

121 EXT. JOUR ROUTE CALVAIRE

La carriole de Giorgio passe à vive allure devant le calvaire. Sur la croix rouillée, le casque de soldat se balance dans le vent en grinçant....

122 EXT. NUIT/ STE LUCIE / GRAND PLACE 

Dans un grincement, un gardien referme l'un des battants de la grille d'entrée de l'asile. La place est presque déserte. Non loin de l'enceinte de l'asile, le cheval de Giorgio, attelé à la carriole vide, frappe du sabot en renâclant...

123 EXT. NUIT ASILE / COUR INTÉRIEURE

Dans la cour déserte, à peine éclairée, se dresse le grand bâtiment sombre au fronton duquel on lit "Pavillon des Femmes". on entend tousser...

124 INT. NUIT / PAVILLON DES FEMMES – COULOIRS

Giorgio est pris d'une violente quinte de toux. Il marche rapidement à travers un couloir en compagnie d,une infirmière. Il est très pâle, mal rasé, le cou protégé d'une grosse écharpe.

L'INFIRMIÈRE  Ca ne va pas, Docteur?

GIORGIO (Toussant) Ce n'est rien ... J'ai... je crois que j'ai pris froid. ... Comment va-t-elle ?

L'INFIRMIÈRE oh, ne vous inquiétez pas, ici les aliénées sont bien traités. Les familles ne s'en plaignent pas

Ils tournent, s'engagent dans un autre couloir. Une deuxième infirmière les croise, en entraînant une


aliénée ...

DEUXIEME INFIRMIÈRE Bonsoir

L'INFIRMIERE (dans un sourire) A demain !

125 INT, NUIT, PAVILLON DES FEMMES/COULOIR DES DOUCHES

... L'infirmière et Giorgio arrivent dans un petit couloir qui se termine par deux portes en fer. De part et d'autre du couloir, des bancs, sur lesquels sont assises quatre femmes complètement amorphes, trempées sous de fines tuniques de toile blanche qui leur collent à la peau. Leurs têtes sont penchée en avant et elles ont toutes les cheveux coupés très courts. Leurs pieds sont nus. L'une d'elle est ceinturée par une camisole de force. (on entend de lointains bruits d'eau)

L'INFIRMIÈRE (à Giorgio) Si vous pouvez attendre ici quelques minutes, la malade est encore en traitement ... (désignant les portes) C'est par là qu'elles sortent! Asseyez vous, l'infirmier arrive tout de suite. A bout de force, Giorgio se laisse tomber sur un banc en se tenant la poitrine.

L'INFIRMIÈRE (inquiète) Vous êtes sûr que ça va, docteur...?

GIORGIO (respirant difficillement) Oui oui, ce n'est rien ... Mademoiselle, il faut que je vois le Professeur Beaumont ...

L'INFIRMIÈRE Ah, malheureusement, à cette heure, ne reçoit plus ...

GIORGIO (essoufflé) Dites lui que le docteur Volli veut le voir, c'est important ... il se souviendra de moi, nous nous sommes rencontrés il y a quelques temps ...

Giorgio est en sueur. Pour mieux respirer, il desserre un peu le nœud de son écharpe, dévoilant une partie de la marque violacée qui lui enserre le cou. Le regard de l'infirmière se pose un instant sur la gorge de Giorgio.

L'INFIRMIERE (Croublee) Bien ... Bien, monsieur

L'infirmière s'éloigne rapidement et disparaît. La main sur la poitrine, Giorgio contemple un instant les quatre folles hagardes. ( ... on entend maintenant les cris d'une femme mêlés aux lointains bruits d'eau ... ) Giorgio se relève avec difficulté et se dirige vers les portes en fer. ... les cris se font plus présents. Giorgio colle son oreille contre l'une des portes en fer. Sur un des bancs, la folles en camisole relève la tête. Son cou tendu laisse voir la marque violacée ...

((LA FOLLE A LA CAMISOLE (d'une voix enrouée) T'inquiète pas, c'est qu'un mauvais moment à passer ...

Giorgio tourne la tête vers elle: La folle le dévisage.

LA FOLLE A LA CAMISOLE ... Tu verras ... c'est surtout le froid qui fait mal à la tête. il faut serrer les dents ...

Dans un hideux sourire, la folle serre les dent:s en rétractant ses lèvres. une expression douloureuse marque le visage de Giorgio. il pousse la porte ...))

126. INT. NUIT, ASILE 

Giorgio pénètre dans la salle: (Le bruit d'eau est maintenant assourdissant et les cris de femme très présents...) C'est une petite pièce en faïence blanche, d'aspect insalubre. Plusieurs baignoires de cuivre y sont alignées, fermées par un couvercle et surmontées de leurs pommeaux de douche. Toutes les douches sont grand ouvertes, mais une seule baignoire contient une folle: une pauvre petite tête aux cheveux court émerge du couvercle, et s'agite en hurlant sous les jets d'eau froide: c'est Catherine ... Debout devant cette baignoire, un infirmier vêtu d'un tablier de toile ciré et chaussé de bottes de caoutchouc, attend les bras croisés. Il est dos à Giorgio. Pataugeant dans les flaques d'eau qui tapissent le sol, Giorgio se rapproche de l'infirmier, le regard rivé à Catherine... L' infirmier se retourne et voit Giorgio. (Les deux hommes sont obligés de parler fort pour s'entendre dans la cacophonie d'eau et de cris ... 

GIORGIO (bouleversé) Excusez-moi mais ... pourquoi est-ce que les autres sont sorties et pas elle ?

L'INFIRMIER Elle doit faire dix minutes de p1us, elle est punie. Elle a essayé de se pendre ... vous êtes de l'hôpital?

GIORGIO Non, non .... mais je suis médecin...

Le visage torturé, Giorgio ne cesse pas de regarder Catherine: Ses cris se sont mués en plaintes. Elle halète en basculant convulsivement sa tête d'avant en arrière.

L'INFIRMIER c'est quoi votre grade ?

GIORGIO... Lieutenant.

L'INFIRMIER Vous avez de la chance ... Moi j'ai été réformé ... à cause de mes pieds ...

L'oeil de Giorgio se pose un instant sur les pieds de l'infirmier: ils sont complètement de travers, tournés vers l'intérieur ... Giorgio regarde à nouveau Catherine:

GIORGIO (douloureux) Je pense que ça suffit, maintenant, il faut couper l'eau

A cet instant, un deuxième infirmier pénètre dans la salle. Il reste devant la porte ... (Dans le film, c'est une infirmière qui entre.)

LE DEUXIÈME INFIRMIER (criant) Alors .... Qu'est-ce qui se passe, ici ?

L'INFIRMIER Rien, pourquoi ?

LE DEUXIÈME INFIRMIER (désignant le couloir, derrière lui:) Qu'est-ce qu'elles font là, les quatre, dehors !

L'INFIRMIER J'sais pas, moi

Les yeux de Giorgio passe sans cesse de Catherine aux infirmiers. Son visage en sueur marque une tension insupportable ....

LE DEUXIEME INFIRMIER Elles devraient toute être là haut, à l'électricité.

L'INFIRMIER Ben t'as qu'à les monter.

LE DEUXIÈME INFIRMIER (Cournant les talons) Ouais, C'est Ça, toujours les même ... Cocu, va !

Le deuxième infirmier pousse violemment la porte et sort.

GIORGIO Bon, ça suffit, arrêtez l'eau, maintenant!

L'INFIRMIER Ah non, je peux pas, faut qu'elle fasse son temps! Sinon je vais me faire disputer moi

Catherine ne bronche presque plus. Sa tête est tombée sur le côté et ses yeux vides sont ouverts sur Giorgio.

GIORGIO (hors de 1uî) Vous voyez bien qu'elle va s'évanouir, ... Coupez cette eau tout de suite ! Je suis le docteur Volli ! Je prends cette malade sous ma responsabilité !

Giorgio se met à tousser.

L'INFIRMIER. (dans un geste de main) Bon, bon ... !

L'infirmier traîne les pieds jusqu'à une vanne surmontée d'un gros robinet. Giorgio se précipite vers Catherine. L'infirmier tourne lentement le robinet, coupant l'eau de toutes les douches. Giorgio déverrouille nerveusement le couvercle de la baignoire et le relève. Puis il saisit Catherine sous les aisselles et la tire hors de l'eau avec difficulté. A demi-consciente, elle tremble de tout ses membres. Son corps est couvert d'une tunique de lin blanc mouillé qui colle à sa peau. Sur son cou, la marque violacée des fous ...

GIORGIO (essoufflé) Allez me chercher de quoi la sécher ... Vite !

L'INFIRMIER Mais ... Excusez-moi, lieutenant, vous avez un bon de sortie ?

Giorgio soulève Catherine dans ses bras, tenant sa tête au creux de son épaule et fait quelques pas vers l'infirmier.

GIORGIO Je vais arranger ça avec le Professeur Beaumont.

LE PROFESSEUR BEAUMONT (off, sur un ton enjoué) Docteur Volli !

L'infirmier et Giorgio tournent la tête vers les portes. Le Professeur Beaumont vient d'entrer, encadré de 1'nfirmière qui conduisait Giorgio, et de l'infirmier musclé de la loge des vieux. Le professeur avance tranquillement vers Giorgio, les mains dans les poches de sa blouse, un sourire aux lèvres ...

PROFESSEUR BEAUMONT ... Je vous croyais à Paris ?

Il s'arrête face à Giorgio et, sur un ton de confidence...

PROFESSEUR BEAUMONT__ (suite) ... Dites, entre nous, vous ne seriez pas en train de me voler une malade, par hasard?

GIORGIO Professeur, cette jeune fille n'a rien à faire ici, elle n'est pas malade ...

Beaumont se tourne vers l'infirmier musclé qui l'accompagne ...

PROFESSEUR BEAUMONT Maurice, aidez le docteur Volli, voyons!

Maurice s'approche de Giorgio et lui prend délicatement Catherine des bras ...

GIORGIO (à Maurice) Il faut la sécher, elle va attraper froid ...

Beaumont échange un regard avec Maurice et, de la tête, lui fait un petit signe entendu ... Maurice se dirige vers la baignoire et y replonge Catherine. Elle se contorsionne un instant en lâchant un petit gémissement ...

GIORGIO (effaré, à Maurice et à Beaumont) Pourquoi faites vous ça... Vous voyez bien dans quel état elle est ...

Le professeur Beaumont se détourne et se dirige vers robinet de la vanne. L'infirmier aux pieds tordus se précipite vers lui...

L'INFIRMIER (à Beaumont) Vous savez, Professeur, moi je voulais pas la sortir! C'est lui qui m'a obligé à couper l'eau

Beaumont commence à tourner le robinet de la vanne ...

BEAUMONT Ici ... c'est moi je Directeur ... monsieur Volli !

L'eau se remet à jaillir de toutes les douches, ramenant le vacarme infernal. Enserrée par le couvercle, la tête de Catherine est penchée en avant. Elle ne réagit même plus à la douche. Giorgio la regarde, effondré, impuissant ...

((GIORGIO (sans voix) vous êtes un barbare. ))

Maurice s'approche derrière Giorgio et le ceinture. Giorgio ne cherche pas à se débattre. Beaumont s'approche de lui ...

PROFESSEUR BEAUMONT Très élégant l'uniforme! Est-ce que je dois vous appeler lieutenant?

Beaumont arrache l'écharpe de Giorgio, dévoilant la marque violette de son cou ...

PROFESSEUR BEAUMONT (dans un sourire amusé) Vous m'avez bien eu Volli !

Il gifle violemment Giorgio. Maurice sourit . Puis il lâche Giorgio. Etourdi, Giorgio chancèle en reculant de quelques pas. Il saigne du nez. Il se retourne un instant vers Catherine, et glisse la main dans sa poche. il en


ressort son revolver ...

GIORGIO (braquant l'assemblée) Coupez cette eau tout de suite

Maurice fait un pas vers Giorgio mais Beaumont l'arrête.

PROFESSEUR BEAUMONT Laissez, Maurice...

Beaumont avance lentement sur Giorgio qui recule en le menaçant de son arme ...

PROFESSEUR BEAUMONT (dévisageant Giorgio) .... Monsieur Volli ne tirera pas. Il va me remettre son revolver ... et nous le soignerons ... parce qu'il est malade ...

Giorgio tire. Dans un cri, Beaumont bascule sur le sol, la jambe éclatée par une balle ... Les infirmiers ne bougent pas, frappés de stupeur. Giorgio vient coller son arme sur la tête de Beaumont qui gémit en se tenant la cuisse ...

GIORGIO (criant) Maintenant arrêtez cette eau tout de suite où je l'achève!

PROFESSEUR BEAUMONT (souffrant) Faites ce qulil dit, Maurice, nom de Dieu, il va le faire ! ...

Maurice se précipite sur le robinet et coupe l'eau.

GIORGI0 Sortez-la de la baignoire

Maurice court jusqu'à la baignoire, ouvre le couvercle et sort Catherine de l'eau.

GIORGIO Déposez la doucement par terre et reculez !

Maurice obéit. il dépose Catherinc sur le sol, à quelques mètres de Giorgio, puis recule. Giorgio s'approche de la jeune fille inerte et baisse. Avec peine, il la relève d'un bras. Pu jette un rapide coup d'œil vers la sortie ...

GIORGIO (à l'infirmier aux pieds tordus) Donnez-moi les clefs de la porte

L'INFIRMIER Y'en a pas ... ça ferme pas

Giorgio marque un temps d'hésitation. Puis il désigne les baignoires avec son revolver: 

GIORGIO Alors vous allez tous entrer la dedans.

L'INFIRMIER Dans les .... dans les baignoires ... ?

GIORGIO Allez ! Vite ! ... Maurice, portez le professeur, allez ! (à l'infirmier aux pieds tordus) Restez là, vous! Vous allez verrouiller les couvercles.

Maurice ramasse Beaumont en le porte dans ses bras.

BEAUMONT (grimaçant de douleur) vous n'irez pas loin, Volli!

GIORGIO (à tous, d'un grand mouvement de révolver) Allez, dans les baignoires !

L'infirmière monte dans une baignoire. Elle reste debout dans l'eau. Maurice dépose délicatement le professeur dans l'eau d'une autre baignoire. Puis il entre dans la baignoire d'à côté.

GIORGIO Allez, Vite, VOUS : Fermez les couvercles !

L'infirmier au pied tordu passe devant chaque baignoire et verrouille les couvercles. Il termine par l'infirmière qui s'allonge péniblement dans l'eau froide en serrant les dents.

GIORGIO (à l'infirmier aux pieds tordus) A vous maintenant !

L'infirmier se tourne vers la baignoire voisine et y rentre une jambe en grimaçant ...

L'INFIRMIER (à Giorgio) Elle est glacée ! ...

Soutenant toujours Catherine, Giorgio s'approche de l'infirmier au pieds tordus. D'un mouvement de revolver, il lui fait signe de se presser. L'infirmier s'allonge aussitôt dans l'eau. Giorgio ferme le couvercle et le verrouille.

PROFESSEUR BEAUMONT (grelottant) Vous n'irez nul part, nous télégraphierons partout! A toutes les gares! ... De toute façon vous êtes perdu.

Giorgio se met à tousser. il soulève Catherine dans ses bras, puis se dirige vers la vanne; tourne le robinet. L'eau des douches se remet à jaillir. (Dans le vacarme qui revient, on entend hurler l'infirmière ... )

127 EXT. SOIR  ASILE COUR INTÉRIEURE

Giorgio sort du pavillon des femmes. Il traverse la cour intérieure, portant dans ses bras Catherine enroulée dans son manteau. La jeune fille fixe Giorgio sans l'a moindre expression. Giorgio, inquiet, lui parle tout bas, comme on parle à quelqu'un qui est en train de mourir. Il marche vite et il est essoufflé ...

GIORGIO Catherine, c'est fini ! Regardez moi, Catherine Regardez-moi ! ...C'est fini, nous sommes sauvés ...

Catherine esquisse un pâle sourire. Son regard s'en va lentement sous ses paupières ... Tout en marchant, Giorgio la secoue ...

GIORGIO Catherine ! Catherine, regardez moi

Ils passent sous une grande voûte qui mène à la grille d'entrée. L'un des battants est ouvert. Sur le côté, trois soldats discutent en fumant des cigarettes. ((Ils aperçoivent Giorgio et se mettent à chuchoter entre eux en le regardant s'approcher...)) Giorgio ne semble pas les voir. Il continue de parler à Catherine ...

GIORGIO Catherine ! Vous m'entendez ...

Elle rouvre les yeux...

GIORGIO Parlez-moi, Catherine

CATHERINE (sur le souffle) ... on va rentrer à la maison

GIORGIO (presque heureux) oui ... oui, nous allons rentrer ... Je vous le promets

Au moment où il va franchir la grille, tous les soldats se tournent vers Giorgio...

... ils lui font un salut militaire auquel Giorgio ne répond pas ...

12 8 EXT. NUIT, PLACE DE STE LUCIE

Dans un bruit de fouet et de hennissement, la carriole de Giorgio démarre et traverse la place pour disparaître dans la nuit.

GIORGIO (off, très présent) Nous nous cacherons ... et personne ne vous fera plus jamais de mal ...

129 EXT, NUIT / UNE ROUTE DE M0NTAGNE

La carriole passe à toute allure et s'éloigne dans l'immensité du paysage. ((La lune est ronde dans le ciel au milieu des montagnes et des sapins. Des flocons de neige tombent lentement ...))

GIORGIO (Off, très présent) ... Nous serons heureux, Catherine ... Et nous ne mourrons jamais!

130 EXT. NUIT ORPHELINAT DEGRACE

On entend rouler un grondement de tonnerre. Toutes les lumières de la maison sont éteintes. L'orphelinat semble abandonné. Un cheval mort repose dans la neige. La carriole des Degrâce est retournée ...Au fond du salon, le point lumineux d'une lampe à pétrole en veilleuse éclaire très faiblement un bras de fauteuil sur lequel on distingue une main. on S'en approche lentement:

GIORGIO (off, tout bas) Marie! ... Vous êtes là?

MARIE (off, à peine audible) C'est vous, Monsieur?

Marie se redresse dans le fauteuil et monte la flamme de la lampe. Dans le halo orangé de la lumière qui monte, elle apparaît, hagarde, le visage tuméfié, la robe déchirée. Giorgio arrive vers elle, portant Catherine emmitouflée dans une couverture. Chancelant, il dépose la jeune fille dans les bras de Marie. Catherine passe un bras autour du cou de la bonne et enfouit sa tête contre son sein. Autour d'eux, le salon est saccagé,  les fauteuils sont renversés, les tables cassées, le piano éventré, les rideaux brisés...

MARIE (en état de choc) Elles ont tout cassé ... elles voulaient brûler la maison ... mais j'ai pu les empêcher. Elles ont tué notre cheval...

Un roulement de tonnerre plus fort ((fait trembler les vitres)). Giorgio s'approche de la fenêtre En toussant.

GIORGIO
Vous pensez qu'elles vont revenir?

Il tousse, à nouveau, en se courbant et en se tenant la poitrine.

MARIE (sur le souffle) Non monsieur, elles s'en vont, toutes. C'est fini... Il n'y aura plus personne. Maintenant que les hommes sont enterrés, tout le village part à Mortemont, travailler à l'usine ... C'est le maire qui nous l'a proposé... (elle caresse les cheveux de Catherine) Ils vous ont coupé vos beaux cheveux, Mademoiselle ...
Catherine, le regard vide, promène lentement ses doigts sur les blessures du visage de Marie.

(Dans le film Catherine n'a pas les cheveux coupés, et Marie lui propose juste de les recoiffer un jour prochain.)

GIORGIO Et le docteur Degrâce?

MARIE Monsieur s'est enfui dans les marais ... Je l'ai appelé pendant des heures ... il doit être mort. De toute façon, il y a longtemps qu'il était mort ... Catherine quitte lentement les genoux de marie qui ne retient pas. En se levant, la couverture qui l'enveloppait glisse sur le sol. La jeune fille traverse le salon comme une somnambule, vêtue de la fine tunique de toile blanche qu'elle portait à l'asile. Elle s'engage dans l'escalier ... Giorgio, immobile, regarde Catherine disparaître doucement dans l'obscurité de l'étage ... La bonne se lève et vient vers Giorgio. Elle tourne le lui un visage implorant et désespéré.

MARIE Pourquoi vous l'avez ramenée, monsieur ?

Elle prend dans ses mains le visage fébrile et mal rasé de Giorgio.

MARIE ... Qu'est-ce que vous pouvez changer, maintenant?

Marie se met' à caresser les, cheveux de Giorgio. Elle l'embrasse avec tendresse et promène doucement ses lèvres sur tout son visage ...

MARIE Allez vous en, Monsieur ... Allez vous en ...

Giorgio ne bronche pas, le regard perdu. Brusquement, le bruit de quelque chose qui tombe se fait entendre à l'étage. Giorgio redresse les yeux vers le plafond.

GIORGIO (tout bas) Catherine? ...

Marie l'agrippe aussitôt par le col, les yeux pleins de larmes:

MARIE Non monsieur, n'y allez pas, vous ne pouvez plus rien pour elle!

Giorgio repousse violemment marie. Elle le retient par le bras en l'agrippant de ses deux mains.

MARIE (la bouche tremblante) vous savez bien qu'il n'y a jamais eu de loups, ici!

Giorgio arrache son bras des mains de marie et court vers l'escalier.

MARIE (dans un sanglot) c'est elle qui les a tués!

Giorgio grimpe les marches à toute allure en hurlant.

GIORGIO Catherine!!!

32 INT. / ORPHELINAT - CHAMBRE CATHERINE

Giorgio ouvre violemment la porte: Les jambes de Catherine agitées de spasmes flottent dans l'air au-dessus d'une chaise renversée ... Giorgio hurle en se précipitant vers le corps:

GIORGIO Catherine!

Il enserre de ses bras les jambes de la jeune fille et soulève le corps pour soulager le cou de l'emprise de la corde. Rivé au corps de Catherine, il essaye avec son pied de rapprocher d'eux la chaise renversée.

GIORGTO (hurlant) Marie! Marie, vite, aidez-moi!

133. INT, NUIT / SALON

Crispant son visage, marie se bouche les oreilles.

GIORGIO (off ? hurlant) Marie!

Les mains sur les oreilles, marie se met à tourner en rond à travers le salon. Une pluie cinglante frappe les vitres.

134 INT. NUIT CHAMBRE CATHERINE

Debout sur la chaise redressée, maintenant Catherine d'un bras, Giorgio retire la corde du cou de la jeune fille. Le corps s'affaisse sur l'épaule de Giorgio. Giorgio étend précipitamment Catherine sur le lit et renverse sa tête en arrière. il plaque sa bouche contre la sienne et lui insuffle de l'air en lui pinçant le nez. Puis il lui appuie sur la poitrine.

GIORGIO Ne meurs pas!

Il lui arrache sa tunique blanche, dénudant son corps. il plaque à nouveau ses lèvres sur les siennes, puis il lui appuie à nouveau sur la poitrine et la gifle:

GIORGIO Pas sans moi!

Il arrache ses propres vêtements, dénudant lui aussi son torse qu'il  vient coller à celui de la jeune fille en posant à nouveau ses lèvres sur les siennes ... Un sursaut des deux corps nous indique que Giorgio commence à faire l'amour à la jeune fille inerte.

GIORGIO (tout bas) Reviens!

Le tonnerre gronde. Le vent rabat la pluie contre les carreaux. Le mouvement de Giorgio se fait plus violent. Bouche ouverte, inerte, Catherine rebondit par saccades comme une poupée de chiffon.

GIORGIO Catherine! Catherine, reviens!

Les jambes de Catherine se tendent, ses doigts se recroquevillent ...

GIORGIO (hurlant) Reviens!!!

Le visage de la jeune fille se crispe en arrière et elle inspire, dans un long râle, rouvrant lentement les yeux ...

135 EXT. NUIT / ORPHELINAT

Fouettée par le vent et la pluie, Marie, les yeux fous, tourne en rond en se mordant les doigts. Elle est pieds nus dans la neige. Grelottante, elle s'arrête. Puis elle redresse son regard vers la façade, fixant une fenêtre obscure.

136a EXT. AUBE / ROUTE CIMETIÈRE - ÉGLISE

Les premières lueurs de l'aube commencent à colorer l'horizon. Par endroit, la neige a fondu. Les femmes de Chanteloup quittent le village, emportant avec elles meubles et enfants. Quelques-unes n'ont pas de cheval et tirent elles-même leur charrette. En passant devant le cimetière, les paysannes se signent ... Sur la carriole de l'Aubergiste, la petite Poulette souffle dans sa "langue de belle mère". L'Aubergiste lui tape sur la tête et Poulette lâche l'objet qui tombe à terre. Une roue de la carriole écrase la "langue de belle mère". Le convoi des femmes s'éloigne sur la route ...



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